Histoire des bains et lavoirs

Un héritage architectural et social : l’histoire des bains et lavoirs publics


De témoin des préoccupations hygiénistes à espace de solidarité, ce bâtiment symbolise à la fois l’histoire sociale et le patrimoine architectural, héritage précieux de la vision et des besoins de son époque.

Construit en 1860 dans le contexte du Second Empire, le bâtiment des bains et lavoirs publics illustre une réponse aux préoccupations hygiénistes du XIXᵉ siècle. Cette époque est marquée par une volonté de combattre les problèmes sanitaires et les épidémies,comme le choléra, en améliorant l’hygiène publique. L’Assemblée nationale, consciente de ces enjeux, vote le 3 février 1851 un crédit exceptionnel de 600 000 francs pour encourager les communes à construire des établissements de bains et de lavoirs gratuits ou à prix réduits. Nantes saisit cette opportunité et ouvre son premier bain public dans le quartier populaire de la Madeleine, à proximité de la Loire, une ressource essentielle pour l’approvisionnement en eau et en charbon.

L’architecte Henri-Théodore Driollet, en charge du projet,conçoit un édifice alliant sobriété, solidité et fonctionnalité.Le bâtiment accueille deux espaces distincts : d’un côté, les bains, avec des cabines de première classe à l’étage et des bains médicamenteux ; de l’autre, les lavoirs, accessibles tant aux particuliers qu’aux lavandières professionnelles. Le lavoir,doté de 48 cellules, fonctionne avec un cuvier commun pour le lavage et propose des séchoirs à vapeur ainsi qu’une salle de repassage. Si les plus aisés payaient leur entrée, permettant de financer en partie l’accès pour les plus démunis, la rentabilité demeurait un défi constant : les bains étaient bénéficiaires, tandis que les lavoirs étaient souvent déficitaires.

Au fil des décennies, le bâtiment a connu de nombreuses transformations et défis. Dès 1889, son état de délabrement devient préoccupant, et des discussions autour de sa démolition émergent dès 1908. Toutefois, la Première Guerre mondiale suspend ces projets. En 1932, des travaux sous la direction de Camille Robida modernisent l’établissement : verrière, escalier, douches et bains rénovés. Mais la Seconde Guerre mondiale marque un tournant : la Loire est comblée, et le lavoir, concurrencé par les laveries automatiques et les machines à laver, ferme définitivement en 1967.

À partir des années 1980, le lieu connaît une série de réinventions : il devient une maison des associations en 1988, et accueille les douches dans la partie est du bâtiment. Depuis les années 2000, il s’adapte à de nouveaux usages pour répondre à un public élargi, comprenant des familles et des enfants.

Découvrez l’histoire du lieu à travers des témoignages